L'épopée d'Omer - la fabrication de mon télescope
Non, il ne s'agit pas d'Homère, mais bien de mon télescope. C'est un télescope de type Newton, monté selon le principe Dobson. Il a 18 pouces de diamètre et je peux dire que j'en suis très fier!
Mais quand la construction de ce télescope a-t-elle débuté? Vous savez tous que je possède une lunette de 5 pouces. Bien qu'elle soit excellente pour le planétaire, son petit diamètre me limitait beaucoup au le ciel profond. Le ciel profond, c'est l'observation des objets de faible luminosité, comme les galaxies, les nébuleuses planétaires, etc. Bien que tous les objets Messier soient visibles avec la lunette, avoir une plus grande ouverture aide beaucoup.
En 1995, Denis, mon frérot, et moi-même décidons de nous construire un gros télescope de type Newton. On opte donc pour un 18 pouces. Pourquoi ce diamètre? Eh! bien, étant donné que Robert Véronneau possède déjà un 16 pouces et que l'on est heureux des résultats, on se dit que plus gros nous permettrait de voir encore plus loin. Même si certaines personnes pourraient penser que c'est pour avoir l'exclusivité, dites-vous bien que, un jour, il y aura quelqu'un qui en aura un plus gros!
Donc, on opte pour ce diamètre et pour une monture de type "fer à cheval". Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce type de montures, c'est ce type qui supporte le télescope de 200 pouces de diamètre du Mont Palomar en Californie. Le roulement polaire est immense et est fait comme un fer à cheval. Cette monture a la qualité d'être la plus stable qui soit. Pendant que Denis commence la fabrication, je commande le miroir de chez "D&G Optical", aux États-Unis. C'est une compagnie de renom dans la fabrication de lentilles pour les lunettes astronomiques, mais aussi dans les miroirs de télescopes. On veut donc que le télescope soit démontable facilement en ne requérant aucun outil et qu'il soit de transport relativement aisé pour son poids.
Les travaux vont bon train. Après 7 mois, j'appelle "D&G Optical" pour avoir des nouvelles du miroir. L'opticien (Barry) me dit qu'il vient de se faire faire une opération dans les yeux tout récemment. Ses yeux n'étaient pas tout à fait guéris. Il a pris des mesures pour tester la surface du miroir. Il l'a terminé et il l'a fait aluminiser. La veille de mon appel, lorsqu'il a reçu mon miroir, il l'a testé. Malheur! Le miroir est comme le télescope "Hubble"! Que faire? Me résignant et appréciant l'honnêteté de Barry, je lui dis de prendre le temps qu'il faut pour le terminer correctement. On devra attendre 7 mois de plus pour recevoir le miroir à la maison. En tout, on a eu 13 mois d'attente.
Mais revenons à la monture. Elle est fin prête. On est à la veille du Festival de Mégantic 1997. On a peint toutes les composantes du télescope. On est à l'essai du comportement de la monture. On monte les différentes parties du tube. En penchant celui-ci vers l'avant, le télescope est très débalancé. On essaie en vain de mettre du poids à l'arrière du miroir, mais c'est peine perdue. Après tout ce temps et ce travail, Denis décide d'abandonner pour cette année. Fin de "Omer 1".
Au printemps 1998, on recommence, en changeant la cage du miroir secondaire en haut pour une cage en bois. On opte aussi pour 2 pipes en aluminium au lieu des 3 sections du tube qui sont trop lourdes. Nouveau problème…On est trop pesant du bas! Fin de "Omer 2"
Au mois de juin, on regarde pour le problème de balancement. On décide de changer la position du pivot du tube. On fabrique donc des pièces, on remet le tout en place et on essaie encore une fois. À la grande déception de Denis, on est encore trop pesant du bas...
Finalement, j'éveille la curiosité de Denis en lui rappelant que l'on était trop pesant du haut avec "Omer 1". On opte donc pour un tube hybride, fait en partie avec des pièces d'"Omer 1" et de "Omer 3". Au mois de septembre, on refait un test, ayant bon espoir des résultats. On réussit donc à balancer à peu près le tout.
Le télescope est rendu tellement lourd que l'on réussit à peine à le transporter. Même s'il y a une roue, on ne veut même pas s'imaginer le monter et le descendre du camion. Fin de "Omer 3"
Je convaincs donc Denis de le transformer en Dobson en gardant le tube comme tel. À la mi-novembre 1998, on termine l'alignement des miroirs. J'invite donc, le premier samedi soir de décembre, Gisèle, Robert, Martin, Annick et Denis chez moi, pour faire un "first light" de "Omer 4". Tout semble aller bien, sauf que c'est encore très lourd. On doit être 3 pour l'embarquer et le débarquer du camion. Pour ma part, je veux être capable de faire cela seul. Ayant acheté un livre au Salon de l'Astronomie de novembre 1998, intitulé: "The Dobsonian Telescope", je décide donc de le transformer selon le principe du livre.
Le 14 mai 1999, je l'amène aux Sommets. Voici donc "Omer 5" fonctionnel. Même si tout n'est pas parfait, il va très bien. C'est sûr qu'il reste des petites choses à compléter, mais ça s'en vient.
Je voudrais conclure en disant que les problèmes rencontrés nous ont fait prendre de l'expérience. Il faut essayer pour savoir. On ne réussit pas toujours du premier coup. Il faut cependant aller au bout de notre idée. On récolte ce que l'on sème.
Au plaisir de vous faire partager ce que l'on y voit à l'oculaire!!!
J'ai présenté mon télescope au CAFTA (Concours annuel de fabricants de télescopes d'amateurs) de St-Timothée en 1999. —Crédits photos: Gisèle Gilbert |
Par Charles Desjardins
1996